Mondes Emergents

Another BRICS in the world...

samedi 9 octobre 2010

La Chine veut transformer le marché des énergies renouvelables en nouveau moteur de croissance.



Le 21 juillet, le gouvernement de Wen Jiabao a dévoilé un plan de soutien de 740 milliards de dollars aux énergies renouvelables.

Éolien, biomasse, nucléaire et voiture électrique sont désormais au cœur de la politique énergétique chinoise.

Conscient des risques environnementaux que fait courir l'actuel modèle énergivore chinois, le pays espère bien se servir de cette transition énergétique pour faire monter en gamme son économie.

Un modèle particulièrement énergivore
La place de premier consommateur mondial d'énergie devait échoir à la Chine en 2012, selon l'IEA. La Chine a encore surpris tout le monde. En juillet 2010, la Chine consommait déjà 4% de TEP (tonne équivalent pétrole) de plus que les États Unis.

Conscient des faiblesses que ce record laissait apparaître, la Chine a nié en bloc sa performance.

Comment convaincre de son engagement environnemental avec un tel record ?

Le gouvernement veut refroidir sa consommation d'énergie
Pourtant la volonté est réelle. Sur le long terme, la Chine sait bien que son modèle énergétique est intenable :

Intenable sur la durée, car raréfaction annoncée des ressources pétrolières,

Intenable écologiquement, avec une pollution urbaine devenue dangereuse,

Et intenable politiquement, la Chine étant de plus en plus dépendante de ses importations (+114% pour le charbon sur les 5 premiers mois de l'année)

L'objectif est donc d'arriver à un tiers d'électricité renouvelable d'ici 2020. Plus étonnant encore, la Chine s'en donne les moyens, sous les yeux médusés des européens.

La vision de long terme de la Chine
Économiquement, le gouvernement de veut pas rater la révolution technologique des énergies renouvelables. Ces énergies sont identifiées comme un formidable moteur de croissance.

Pour se faire, plusieurs décisions radicales ont été prises cette année : Assèchements des crédits aux industries polluantes et énergivores, tour de vis législatif contre ces industries, fermetures arbitraires d'usines...

Le plan de soutien chinois : Massif et ciblé
Dernier étape, le financement. La Chine s'est donnée les moyens de son ambition. C'est un véritable plan de relance écologique, version superpuissance (hyperpuissance ?), que la Chine a dévoilé en juillet.

Quatre cibles principales : L'éolien, la biomasse, la voiture électrique et le nucléaire.

Valoriser les champions nationaux
Tarifs préférentiels, achats des surplus, le gouvernement subventionne depuis longtemps ses industries nationales. Cette stratégie a déjà commencé à payer. La Chine compte parmi les leaders dans plusieurs secteurs, dont l'éolien et le solaire.

L'éolien
Devant les États Unis en terme de capacités, la Chine est également le premier producteur mondial de turbines.

Obtenue en à peine 4 ans, cette performance est principalement due aux trois constructeurs nationaux : « Sinovel », « Goldwind » et « Dongfang ». Ces trois compagnies figurent parmi les 10 premières entreprises mondiales du secteur.

4 ans pour l'éolien, combien d'année pour devenir leader dans le solaire ou la biomasse ?

La biomasse, l'interrogation
L'objectif du gouvernement chinois dans ce domaine reste incertain. D'abord destinées au marché local, ces technologies pourraient devenir essentielles dans le cadre de la toute nouvelle collaboration avec le Brésil.

La compagnie « China Biodiesel International », fortement orientée à l'international, et déjà boostée par la hausse des prix des biocarburants, profitera certainement du soutien gouvernemental.

Le solaire, déjà autonome
Moins en vue que les 4 secteurs cités, la Chine est déjà le leader mondial dans la construction de panneaux photovoltaïques. En 2009, 43% des panneaux solaires construits dans le monde provenaient de Chine.

Des trois leaders nationaux, « Suntech », « Baoding Yingli » et « Jingao », je conseillerais particulièrement de surveiller « Baoding Yingli », qui connait la plus forte croissance.

La voiture électrique chinoise
Le gouvernement déploie une activité sans pareille pour assurer son développement. L'objectif est d'atteindre 5% de voitures vertes d'ici 2013.

Pour se faire, l'État multiplie les aides : Primes à la casse, soutiens aux constructeurs, financements d'infrastructures...

Localement, les initiatives se multiplient. Après avoir annoncé la construction de 400 bornes de rechargement, Shanghai verse désormais une prime de 3000 dollars pour l'achat d'une hybride, et 7500 dollars pour l'achat d'une voiture électrique.

Les énergies renouvelables permettront de monter en gamme
La Chine semble bien décidé cette fois à attraper le wagon des hautes technologies.

L'objectif est de passer d'un modèle commercial fonctionnant sur des couts de production faibles et des technologies occidentales, à un modèle à haute valeur ajoutée technologique.

Terres Rares, le monopole chinois qui risque de le rester
Cette ambition environnementale s'est traduit par le resserrement des exportations chinoises de terres rares, métaux essentiels pour les technologies de l'éolien, du solaire et des voitures électriques.

La Chine détient 95% des réserves de Terres Rares dans le monde. Or le pays vient de réduire de 72% les quotas d'exportations...