Mondes Emergents

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mercredi 24 août 2011

La rivalité de l'Inde et de la Chine autour de l'accès aux ressources énergétiques s'accroit (2)


L'Inde sera l'adversaire n°1 de la Chine sur la route des hydrocarbures.

Aux vues de sa consommation, New Delhi va rapidement devoir sécuriser ses approvisionnements. Déjà, ses importations de brut ont doublé depuis 10 ans. Le pays importe désormais 90% de sa consommation. D'ici à 2030, cette dépendance pourrait être multipliée par deux.


L'Inde a ainsi commencé à développer une vision stratégique de l'énergie, comme son rival chinois. Et comme la Chine, l'Inde a une priorité : Le Moyen Orient.

Pourtant, dans sa stratégie d'alliance, New Delhi semble vouloir se rapprocher d'un partenaire qui n'incarne pour le moins pas la constance, l'Iran.


Une diplomatie active dans le Golfe

Les pays du Golfe sont devenus en l'espace de quelques années une priorité pour l'Inde. Aidé également par la nouvelle politique du "Look East" adoptée par les membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), l’Inde a ainsi considérablement accru sa présence dans la région. Les membres du CCG, dont notamment l’Arabie Saoudite, le Koweït, Oman et les EAU, représentent aujourd’hui 45 % des importations de pétrole indien.

New Delhi s’est rapproché particulièrement de l’Arabie Saoudite. L’Inde est désormais le quatrième importateur de brut saoudien, derrière la Chine, les États-Unis et le Japon. Le Qatar est également le fournisseur quasi exclusif de GNL.

Au total, le Moyen-Orient fournit 65%des approvisionnements énergétiques de l’Inde.

La réponse du berger à la bergère

Devant la croissance de ces besoins, le port de Gwadar est inévitablement devenu une pierre dans le jardin indien, qui plus est au Pakistan.

Le pays a très vite mesuré le danger. Un ancien amiral de la marine indienne, Sureesh Metha, a récemment déclaré que la position stratégique de Gwadar offrait au Pakistan l’opportunité «de prendre le contrôle d’une artère énergétique mondiale, et d’y interdire les tankers indiens ».

En plus des risques que fait peser Gwadar sur les approvisionnements énergétiques, New Delhi a également du réagir au risque d'encerclement de la part de la marine chinoise. A travers la stratégie du « collier de perle », la Chine a réussi a entourer l'Inde. Pékin est désormais présent en Birmanie, au Bangladesh, au Sri Lanka...

La réponse indienne s'appelle Chabahar.

Situé sur la cote iranienne, ce port est distant de 72 kilomètres de Gwadar. Ce port pourrait à terme être le point de départ d’une autoroute énergétique qui rejoindrait le projet de gazoducs IPI (Iran-Pakistan-Inde).


Le mauvais cheval ?

La réponse de l'Inde s'est appuyé sur un de ses partenaire historique, l'Iran. Pourtant, l'Iran apparaît très impatient de jouer sa propre partition dans le Golfe, et notamment en s'opposant à l'hegemon local, les Etats-Unis. Au risque peut être de mettre en péril ses partenariats régionaux.

C'est ce qui a commencé à se passer fin 2010 dernier lors de problèmes intervenus lors du paiement par l'Inde d'uns livraison de pétrole en provenance d'Iran. Les États-Unis soupçonnait la chambre de compensation iranienne impliquée dans le règlement de permettre à Téhéran de contourner les sanctions internationales. L'Inde a alors décidé de cesser le paiements, provoquant la colère de Téhéran.

Anecdotique sur le plan financier, cet épisode révèle néanmoins le risque qu'à pris l'Inde en s'appuyant sur l'Iran pour contrer la Chine. Si le Pakistan est un État faible, tiraillé entre les États-Unis, les tribus du nord et la Chine, l'Iran paraît posséder au contraire un pouvoir unifié, au moins en apparence, et une volonté de l'exercer.

En se rapprochant de l'Iran, New Delhi n'a peut être pas misé sur le partenaire le plus sur. Reste que l'Iran est un acteur énergétique majeur, qui réussira peut etre un jour à réintégrer le giron de la communauté internationale. Le Pakistan, à l'inverse, ne possède aucune ressource énergétique, et craint constamment de voir son Etat voler en morceau.

L'Inde semble donc avoir privilégier une stratégie de long terme, en considérant, comme De Gaulle, la continuité des populations derrière les dirigeants éphémères.