Mondes Emergents

Another BRICS in the world...

lundi 28 février 2011

Les banques chinoises à l'assaut des marchés occidentaux



Ces dernières années, la Chine a fait le plein de matières premières. Pétrole, gaz, minerais...tout y est passé. L'Afrique a été son principal terrain de jeu.
Aujourd'hui, Pékin amorce un nouveau virage. La Chine regarde vers l'Europe et les États-Unis. Elle vient d'envoyer ses meilleurs éclaireurs : Ses banques.

Elles viennent de poser le pied à Paris, Madrid ou encore Los Angeles. 

En s'implantant à l'étranger, ce banques vont servir de plate-forme aux investissements chinois.

N'ayez pas peur ! Regardez plutot les opportunités que cela nous procure : Nous avons désormais un accès direct au marché chinois. Et au premier d'entre eux, le marché monétaire...
 
Le précédent africain : l'appel des 
matières premières Vous vous rappelez du fantasme de la Chine-Afrique ? Il s'était créé après que tous les pays africains se soient mis à commercer avec la Chine.

Dans sa stratégie, la Chine avait une arme secrète : ses banques.
En 2008, la plus grande banque chinoise de prêt, « Industrial & Commercial Bank of China » (ICBC) est arrivée en Afrique du Sud. Elle a investi 5.5 milliards de dollars pour acquérir 20% de la banque sud-africaine « Standard Bank ». Celle-ci était la plus grande institution prêteuse du continent. 

Les deux banques ont ainsi formé des dizaines de JV, et accordées de multiple prêts sur tout le continent.

Ce précédent servira de modèle pour le prochain rapprochement entre les banques occidentales et chinoises.

La Chine veut désormais faire son marché dans les pays développés Ivre de matières premières, la Chine veut passer au stade suivant : les marchés développés.

C'est la course aux matières premières qui a poussé les premiers groupes chinois à s'internationaliser. Les énergéticiens comme « CNOOC » sont ainsi devenus des champions de taille internationale.

Aujourd'hui, la Chine monte en gamme, ce qui accroit ses besoins. Toutes les compagnies chinoises sont donc prêtes à investir sur nos marchés. 

La Chine mise sur la croissance de l'Europe... 
Pékin a commencé à dévoiler ses centres d'intérêt. Volvo ou le port du Pirée en savent quelque chose. Et le mouvement ne fait que commencer... 


Ne vous laissez pas aveugler par le pessimisme ambiant, la Chine croit en l'Europe. Rappelez vous que le continent européen est son premier partenaire commercial. 

L'Europe apparaît aussi plus sérieuse que les États-Unis. Par exemple, Pékin apprécie le scepticisme européen devant le QE2 américain... 

Mais avant que les groupes chinois ne déferlent sur l'Europe, leur financement doit être assuré. Les banques se préparent donc déjà à l'assaut. 

...et sur sa faiblesse actuelle 
Les banques chinoises ont actuellement une fenêtre de tire idéale pour s'implanter en Europe. De nombreuses banques européennes sont en difficulté. Pékin pourrait choisir d'''aider'' ces banques. 

L'opportunité est d'autant plus grande que les banques européennes ne bougeront pas. Elles ont trop besoin de rassurer les marchés et de se rassurer sur leur solidité. 

Du coup, la Chine occupe le terrain. La banque ICBC vient d'ouvrir des représentations à Paris, Bruxelles, Amsterdam, Milan et Madrid. 

Les banques européennes dans le viseur de Pékin 
Les chinois s'intéressent de près au mouvement de consolidation bancaire européen. La banque « West LB » serait dans l'optique de Pékin. 

De même, la Chine pourrait profiter de la prochaine privatisation des banques anglaises « Royal Bank of Scotland » et « Lloyds Banking ». 

Les chinois avancent avec précaution 
Pour l'instant, la Chine marche sur des œufs. 

Les chinois sont terrorisés à l'idée de reproduire l'affaire « Unocal ». En 2005, la Chine avait voulu racheter un énergéticien américain. Le Congrès américain avait alors bloqué l'opération, dénonçant une menace contre la souveraineté du pays. 

Mais les mentalités ont évolué. Les européens et les américains voient d'un meilleur œil l'arrivée des investisseurs chinois. Désormais, la Chine ose racheter des banques américaines 

La Chine s'installe aux États-Unis 
Le leader « ICBC » a mis la main en janvier sur 80% des parts de la banque américaine « Bank of East Asia ». « ICBC » rejoint donc « Bank of China », déjà bien implantée dans le pays. 

Comme en Europe, le contrôle de « Bank of East Asia » est stratégique. Il servira avant tout de tête de pont pour les entreprises chinoises voulant s'implanter aux États-Unis. 



Le Yuan, bientôt disponible dans les meilleurs banques 
Ces mouvements dissimulent une ambition bien plus importante : L'internationalisation de la monnaie chinoise. 

Pékin a clairement montré des signes forts allant dans cette direction. En 2010, une première étape a été franchie avec la régionalisation du yuan, au sein de l'ASEAN.

Depuis janvier, on est rentré dans la deuxième étape. « Bank of China » permet désormais d'ouvrir un compte en yuan aux États-Unis.

On est ici face à l'enjeu majeur de l'année à venir : L'internationalisation du Yuan.

« ICBC » et « Bank of China » seront en première ligne lorsque Pékin décidera d'ouvrir les vannes monétaires. 

En attendant, la Chine avance ses pions, tranquillement...

mercredi 23 février 2011

L'Inde perdra bientôt son monopole dans les SSII





Dans le film « Slumdog Millionaire », le passionnant recueil d'idées reçues sur la société indienne, Danny Boyle ne pouvait passer à coté de la sous-traitance des services informatiques. 

Aussi visible qu'un moine tibétain dans une réunion d'actionnaires du CAC 40, ce secteur de l'activité indienne représente 60% du PIB indien.

Ce qui est étonnant avec ce succès, c'est qu'il semble défier les règles de la théorie économique du développement.

Récemment, un économiste expliquait que la croissance des économies asiatiques dans les années 1990 avait donné un cours d'économie à l'ensemble de la profession. La croissance de l'Inde, très différente de celle de l'Asie du sud est, pourrait en donner un autre.

Passer directement d'une économie agricole et sous-développée, à une activité de service, ça revient à entrer à Harvard en apprenant le nombre de lettres de l'alphabet.....26 si mes souvenirs sont bons.

Alors plongeons nous 3 lignes sur cette réussite. Une des explications avancées, parmi d'autre, serait la capacité qu'à toujours eu l'Inde de conserver une élite éduquée.

Malgré la pauvreté, malgré la proximité du matérialisme historique soviétique, une classe sociale a toujours conservé la liberté d'étudier.

Cette classe, c'est celle des Brahmanes.

L'explication est simple. Leur position sociale a toujours été préservée grâce à un élément : la société de castes. J'utilise « simple » par pur effet de langage, la société de caste est peut être une des organisations sociales les plus complexe qui soit.

Grâce à cette stratification rigide de la société, plusieurs universités sont devenues des centres d'excellence, comme le ITT ou le IIM, pendant que le pays essayait péniblement de sortir du sous-développement. C'est encore cette caste de lettrés qui a été le support de la politique de tertiarisation de l'économie indienne dans les années 1990. Ajouté à cela la parfaite maitrise de l'anglais, et le secteur a très rapidement décollé à l'international.

Bien sur, l'ascension a été favorisé par le départ d'IBM d'Inde en 1977, qui a laissé le champs libre aux ingénieurs indiens. Mais l'Inde a su parfaitement faire jouer ses atouts dans un contexte international de libéralisation des services.

L'Inde ne restera pas éternellement le « bureau du monde »
A l'avenir, s'il n'est jamais bon de dépendre d'un seul secteur, la concurrence étrangère risque de toute façon de réduire la part du secteur dans l'économie indienne.

D'abord, l'Inde n'est plus le seul pays de la zone à parler l'anglais. Si les diplomates chinois refusaient de parler un mot d'anglais dans les années 1990, ce n'est plus le cas. Surtout, les salaires indiens vont mécaniquement augmenter. Le paradoxe indien sur lequel s'est construit l'activité des services, le sous développement et la compétence technique, risque de disparaître avec la croissance des salaires.

Ainsi, soit le pays continue sa spécialisation dans les NTIC et monte en gamme, soit le pays équilibre son économie, et développe les autres secteurs.

La deuxième solution est en bonne voix. Le gouvernement vient de lancer l'énorme marché public des infrastructures indiennes.

Par contre, je n'ai jamais entendu parler d'une « caste des industriels »...

lundi 21 février 2011

De l'art de se serrer les coudes en milieu financier


Les grandes bourses du monde semblent être entraînées dans un long processus de concentration. Ça leur a pris d'un coup, comme une envie irrépressible de se rapprocher, de s'allier, de grandir. C'est beau...

Malheureusement, j'ai bien l'impression que le grand mouvement qui a affecté toute la planète ait été provoqué par...la peur !

Oui, la peur d'être concurrencé. Par qui ? Par deux acteurs majeurs. D'abord, on l'a lu à droite et à gauche, les plateformes de trading. Ces plateformes sont de petites entités traitant uniquement par informatique, avec un staff réduit et des produits spécialisés. Une bourse de poche en somme...

L'avantage, c'est que le développement des ces plateformes a permis à des pays qui n'avaient pas les infrastructures ou la formation financière d'attirer à eux des capitaux. C'est le cas exemplaire de l'Ile Maurice, qui est en train de devenir LA place de négoce des matières premières de l'Afrique de l'Est.

L'autre effrayante menace concerne bien évidemment les places boursières émergentes. Oui, je sais, elles sont toutes en chute libre depuis janvier.....mais permettez moi de placer un « néanmoins ». Néanmoins un mouvement d'émergence ne peut pas s'arrêter sur le premier passage à vide boursier. Disons que nous sommes dans un creux alors...

Le mouvement est d'autant plus important que c'est bien le réveil des bourses émergentes qui semble avoir été à l'origine de la recomposition. Singapour et Sydney ont annoncé l'année dernière qu'ils avaient l'intention de convoler. L'objectif : L'accès aux matières premières australiennes, et la liquidité de la place singapourienne.

Dans le même sens, le boom des matières premières, entrainé lui même par le boom des émergents (tout ça finira peut être par exploser un jour, je promets rien....), a conduit au rapprochement du LSE (London Stock Exchange) et de la bourse de Toronto, elle même bien fournie en valeurs sur les mines et l'énergie.

Bien sur, la fusion de Francfort et du NYSE-Euronext semble éclipser toute les autres. En terme de capitalisation, c'est une évidence. En terme de croissance, c'est...moins sur.

A plus long terme, l'épisode qu'il ne fallait pas rater, c'est celui-ci : Le rapprochement de la bourse de Sao Paulo et de celle de Shangaï. Double cotation et valeurs minières au menu !

La création d'un axe boursier Sino-brésilien, c'est aussi fou qu'une charnière Xavi-Iniesta, ou
qu'un duo Michel Gondry et Charlie Kaufman !



Pour l'instant, les pays émergents ne font que provoquer les vielles institutions de nos pays développés....mais après la crise d'adolescence, on continue de grandir, non ?

samedi 19 février 2011

Mondes Emergents

Le Blog change de nom et élargit son angle. Petites explications pour les quelques lecteurs fidèles...


L'idée d'origine de ce Blog était de décrypter l'arrivée des pays émergents dans le monde de l'énergie. Le Turkménistan ou le Qatar ont ainsi traversé ces pages. Le gaz naturel était peut être la seule caractéristique qui expliquait que ces deux pays se retrouvent un jour sur une même page....

La nouvelle dynamique du Blog est plus large : Les pays émergents sont ils en train de créer de nouveaux mondes ?

Les émergents ont effectivement bousculé le secteur de l'énergie. Puis ce fut le cas de l'électronique, des mines, du service informatique, du soja, des IPO....

Jusqu'en 2008, nous ne doutions pas que ces pays copiaient-collaient nos modes de vie. Nous ne doutions pas de la fascination exercée par notre modèle occidental, et leur croissance était avant tout une reconnaissance de l'efficacité de notre système économique.

Depuis 2008, le doute s'est installé....

La crise économique s'est avérée plus régionale qu'internationale. Nous nous débattons encore pour en sortir, alors que les émergents ont retrouvé en quelques mois leur taux de croissance stratosphérique. Mieux préparés que nous, la crise asiatique de 1997 était passée par là, ils ont surtout bénéficié d'une montée en puissance de la consommation locale.

Depuis, de nouveaux pays comme la Chine et le Brésil, mais aussi l'Indonésie, la Turquie ou encore l'Afrique du Sud, sont montés en puissance sur la scène internationale. Leur croissance nous fascine, mais nous arrivons de moins en moins à l'expliquer.

Vous savez pourquoi les brahmanes sont à l'origine du décollage des activités de Back office indien ?

Vous savez pourquoi Danone vend du petit lait en Russie et pas en Europe ?

Vous savez pourquoi le plan fixe fait la réussite du marché du film sud-coréen ?

Les différences sociales, politiques ou culturelles prennent de plus en plus d'importances au fur et à mesure que ces sociétés se développent. Nos codes ne marchent plus pour ouvrir ces marchés. Nous avons besoin d'élargir notre connaissance de ces pays.

C'est le nouveau fil rouge de ce blog !

mardi 15 février 2011

Une révolution peut en cacher une autre : La révolution du pétrole non-conventionnel



La Révolution des gaz non-conventionnels secoue le monde de l'énergie depuis 2 ans. En quelques années, les États-Unis sont passés du statut d'importateur à celui de futur exportateur de gaz.

Or le monde du pétrole est en passe de connaitre la même révolution copernicienne. Nouvelles techniques et audace des petits indépendants font jaillir du pétrole dans des pays jusque là privés de toutes ressources fossiles.

Encore une fois, les indépendants ont grillé la priorité aux Majors...



On prend les mêmes et on recommence
Cette révolution du pétrole ressemble de très près à celle du gaz. Les lieux sont les mêmes, les technologies aussi : Il s'agit de récupérer le pétrole à partir de la roche, et non plus à partir des réservoirs classiques.

La technique consiste donc à forer de manière horizontale. Les industriels fracturent ensuite la roche en injectant de l'eau et du sable. La fracturation (fracking) va ainsi libérer d'importantes quantités de pétrole.

Ces découvertes gonflent déjà les ressources américaines
Dans le secteur du gaz, les shale gas ont multiplié les ressources américaines par 3. En ce qui concerne le pétrole, les États-Unis sont très optimistes. Le potentiel des ressources en shale oil pourrait représenter plus de 6 milliards de barils.

Pour le seul gisement de Bakken Shale, les ressources s'élèveraient entre 3 et 4.3 milliards de barils selon l'U.S. Geological Survey. Hors Alaska, ce gisement deviendrait le plus grand gisement de pétrole des États-Unis !

Cette nouvelle ère pétrolière aux États-Unis va durer
La raison est triple :

1.L'effet Macondo : Le Golfe du Mexique a été mis en quarantaine. La production de cette région devrait baisser de 82 000 barils par jour en 2011. Par conséquent, l'on-shore revient à la mode.

2.Les coûts d'exploitation sont bien moins élevés que le pétrole off-shore. Un baril à 40$ rend l'exploitation des shale oil rentable. Avec les prix actuels, les producteurs se paient même le luxe d'avoir des retours sur investissement proche de 100% !

3.Les shale oil sont essentiels pour réduire la dépendance énergétique américaine. Ils pourraient remplacer jusqu'à 10% des importations américaines quotidiennes.

La France devient un état pétrolier
En Europe, la révolution se propage aussi. Les perspectives de hausse des cours du pétrole ont transformé certains pays en eldorados pétroliers. C'est le cas de la France !

Paris, sa tour Eiffel, son sacré-cœur, et ses derricks ! La région Ile de France est effectivement une zone d'exploration pour les shale oil. Ces ressources pourraient permettre à la France de couvrir 5 % de ses besoins en pétrole.

Là encore, les indépendants conduisent les opérations. « Hess » et « Toreador » sont en première ligne. Ce dernier a même décidé de se faire coter en Europe pour l'occasion.

Les indépendants mènent le bal, encore une fois
L'exploitation du shale gas avait été le fait des petits producteurs. Ils avaient eu l'idée avant tout le monde de forer à l'horizontal. Le développement des shale oil prend le même chemin. Ce sont les petits pionniers des shale gas qui adaptent leurs technologies au pétrole.

Les indépendants comme « Devon Energy » ou « Petrohawk Energy » ont encore une fois échappé aux radars des Majors.

Le pétrole, bien plus profitable que le gaz
Ce mouvement de conversion vers le pétrole est économiquement rationnel. Les pionniers du gaz non-conventionnel ont bien compris leur intérêt.

L'exploitation des shale gas a fait passer les cours du MBTU de 13$ en 2008 à 4$ aujourd'hui. Et la bulle gazière ne devrait pas se dégonfler avant 2013.

Or selon l'IEA, le pétrole restera autour de 100$ en 2011. La première conséquence a été une envolée du prix des terrains. Le prix de l'acre de Bakken Shale est passé en à peine deux ans de 300$ à 12 000$ !

La technologie, la clef du succès
Dès 2009, on savait que les shale gas allaient révolutionner la politique énergétique américaine. Aujourd'hui, les analystes rivalisent en conjectures pour anticiper l'impact des shale oil.

Si le marché des énergies non-conventionnelles évoluera encore, une valeur restera : La technologie.

Les cours du baril ou du MBTU resteront volatiles, mais les sociétés qui maitrisent la technologie des forages resteront en première ligne.

Les « fracker », les Apple du secteur pétrolier
La Chine a bien compris que la technologie était la clef de ce marché. Elle investit depuis 2 ans dans les shale gas américains. L'objectif n'est pas d'acheter du gaz, mais bien d'acheter les technologies de fracking.

Sur les shale oil, la logique est la même. Les compagnies qui détiennent les technologies du petro-fracking, comme la canadienne « Trican Well Service », tiennent le marché. C'est avec elles que les Majors négocieront leur entrée sur ce secteur.

Elles seront les vrais bénéficiaires de la révolution des shale gas et shale oil..

mardi 1 février 2011

Total accélère son développement en Afrique


Total décidé à explorer le sous-sol africain
Qui a dit qu'il n'y avait bientôt plus de pétrole ? L'Afrique est sur le point de devenir un nouvel eldorado pour les compagnies pétrolières. Première d'entre elle, Total. Jacques Marraud des Grottes, directeur Afrique du géant pétrolier, a annoncé cette année que le groupe compterait de plus en plus sur l'Afrique pour accroitre sa production de pétrole. La production du groupe devrait passée de 750 000 barils de pétrole produits par jour en Afrique, soit un tiers de la production, à 1 million de barils d'ici 2015. Installé historiquement en Afrique de l'ouest, le groupe a ainsi multiplié ces dernières années les projets sur tout le contient.Le pétrolier s'est en particulier bien installé dans le Golfe de Guinée. Déjà présent au Nigeria, Total a fait une entrée remarquée en Angola, et guète impatiemment la mise aux enchères des blocs prometteurs de Kwanza en 2011. Surtout, le vrai tournant stratégique a été sa décision d'étendre de 20% son domaine minier sur le continent en explorant en priorité les pays peu ou mal connus. Cette décision constitue une petit révolution pour le groupe, qui a longtemps été moqué pour sa trop grande prudence. Après la Cotes d'Ivoire et Sao Tomé, le groupe pourrait investir prochainement en Mauritanie. Ces évolutions sont sous-tendues par l'amélioration des techniques de forage en offshore profond, ainsi que par la hausse tendancielle du baril remarquée ces dernières années.

Total étend son réseau de distribution
Si l'Afrique est dépendante des technologies de Total, Total l'est tout autant de l'Afrique pour sa croissance. Total y a trouvé un bon moteur de croissance pour ses activités de distribution, quand ces mêmes activités déclinaient en Europe. Cette dépendance risque de s'accentuer dans les années à venir, car le groupe français s'est peu diversifier en direction de l'Asie, comme l'on fait Shell ou BP. C'est pourquoi Total s'accroche à ses 12 % de parts de marché en Afrique. Le groupe a d'ailleurs révélé en début d'année qu'il entendait atteindre 15% dans les 5 ans. Total a notamment décidé d'investir prioritairement dans les régions à forte croissance. C'est le sens donné au rachat du réseau de distribution de Chevron au Kenya, après celui d'Ouganda. De manière globale, le groupe a l'intention de capitaliser sur sa présence historique sur le continent et sur sa maîtrise des infrastructures, notamment des capacités de stockages dans les ports. Total mise également sur son organisation interne par région, plutôt que par type d'activité, qui lui permet d'être davantage au contact du terrain. Il faut noter que le dynamisme de Total en Afrique détonne dans le milieu des pétroliers, qui a plutôt eu tendance à se désengager du continent ces dernières années. Shell a récemment vendu ses activités de distribution dans 21 pays. BP a également cédé ses stations en Namibie et au Zimbabwe.

Total achète 99% du sous-sol malgache
Total mène actuellement un projet très controversé à Madagascar (ici un manifestant de Greenpeace dénonçant l’exploitation des sables bitumineux par Total, notamment à Madagascar). L'exploitation des réserves d'hydrocarbures, sous forme de sables bitumineux, a commencé il y a deux ans sur l'île. Total a dépensé 100 millions de dollars pour acquérir 60% des parts du gisement de Bemolanga. Les termes de contrats d'exploitation ont été révélé par le « Guardian » en novembre dernier. Le groupe français, avec son partenaire « Madagascar Oil », bénéficie de conditions d'exploitation inédites dans le secteur, puisque les termes de l'accord accordent aux opérateurs étrangers 99% des recettes tirées de la vente du pétrole pendant 10 ans. L'État se contentant donc de...1%. On est loin des 60-65% avancés par le ministère des mines en 2008. Lorsque l'on sait que l'exploitation des sables bitumineux est une des industries les plus polluantes au monde, on peut craindre pour l'environnement déjà très fragile de l'île malgache.

Article publié initialement dans "Les Afriques". Janvier 2011.