Mondes Emergents

Another BRICS in the world...

samedi 14 mai 2011

La Chine, art, spéculation et poissons monochromes

Il semble bien loin le temps où Simon Leys décrivait l'asphyxie culturelle de la Chine. Jiang Qing aux commandes, les bibliothèques regorgeaient alors des œuvres de Mao et les opéras étaient au nombre de 4. L'art avait alors été vidé, asséché, dévitalisé par la veuve Mao qui pourtant aurait excellé dans le rôle de la mère Thenardier.

En mars dernier, Pékin vient de mettre une corde de plus à son arc : l'art. Ou plutôt le marché de l'art. La Chine est devenue le deuxième marché de l'art dans le monde devant l'Angleterre, pourtant mère patrie de Christie's.


Quand Baishi Qi passe devant Andy Wharol

La Chine était déjà très présente sur le marché de l'art.

Parmi les 10 artistes les plus cotés au monde, 4 sont chinois. Picasso est suivi de Baishi Qi (photo), puis de Wharol, pour retrouver ensuite Daqian Zhang et Beihong Xu et Baoshi Fu. Et parmi les artistes contemporains, les chinois s'imposent également. Dans le top 10, après Basquiat, Koons et Prince, suivent 6 artistes chinois.

La Chine possède également des maisons de ventes. Derrière Sotheby's et Christie's pointe 7 maisons chinoises, comme Poly International ou China Guardian.

Je ne crois pas aux coïncidence, comme à l'émergence d'une génération spontanée de talent. J'ai plus tendance à croire aux coups de projecteurs et aux investissements spéculatifs. Dans ce secteur, la Chine s'en sort pas trop mal...


La subversion commerciale

On ne peut pas dissocier la montée en puissance de la Chine actuellement et le boom de son marché de l'art. Oui, j'enfonce les portes ouvertes. Les quelques lignes qui suivent s'adresseront donc à toi, lecteur naïf qui pense encore que Ben est original et Bernard Buffet a du talent.

Je me souviens d'un numéro de la série Strip Tease, de France 3, qui avait été consacré entièrement au collectionneur d'art Pierre Hubert. L'émission le suivait notamment en Chine faire le tour de plusieurs ateliers. La façon d'acheter les toiles m'avait sensiblement rappelé le choix attentif que je porte tous les samedi matin à acheter mes tranches de jambon. La comparaison vaut aussi lorsque je dois investir une forte somme dans une nouvelle paire de chaussettes.

Le collectionneur sillonnait au pas de charge les ateliers et achetait en vrac. Mais le plus intéressant était la qualité des toiles. Acidulées, faussement politiquement incorrect. On aurait pu les rapprocher de Lichtenstein si ces artistes avaient eu à leur disposition plus d'un stabilo jaune, et avaient eu du talent.

Mais le collectionneur avait repéré le trio gagnant :

    Sujets politiques + Couleurs fluos + Émergence de la Chine


Les fonds d'investissement, ou le goût de l'art

Cet exemple illustre une tendance, le marché de l'art chinois est devenu un eldorado pour les fonds d'investissement en quête de placements. L'art, c'est un peu comme les métaux précieux ou les sacs Hermès, leur marché est souvent épargné par les krachs boursiers.

Ce mouvement spéculatif a été illustré avec le succès foudroyant de Zhang Xiaogang (photo). Début Avril, cet artiste réalisait un record pour une œuvre contemporaine chinoise, avec la vente d'un triptyque pour 7.1 millions d'euros. L'artiste avait déjà flambé dans les années 2000, où une œuvre vendue à 40 000 euros en 2003 avait atteint 2.3 millions en 2006.

Le succès de la collection Ullens, décrite par les Echos du 15 avril, avait également été expliquée par l'arrivée d'un fonds d'investissement américain.


Les émergents déplacent le centre de gravité de l'art

Vous l'avez remarqué, la Chine n'est pas le seul pays émergents. Le Moyen Orient ou l'Inde décollent aussi depuis 10 ans. Et leur marché de l'art également....quand je vous dis que les coïncidences n'existent pas.

Sotheby's a annoncé récemment que le marché du Moyen Orient connaissait le plus fort taux de croissance dans le monde. De même, L'Inde commence à remuer, portée par le portefeuille sans fonds des grandes familles indiennes comme les Mittal ou les Ambani.

La conclusion apparaît bien simple. En art comme en immobilier, l'argent va là ou le marché est porteur. Peu importe que les artistes locaux se rapprochent plus de Combas que de Picasso....

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