Mondes Emergents

Another BRICS in the world...

dimanche 19 juin 2011

L'Amérique du Sud à nouveau sur le radar de Brasília


On connait les ambitions du Brésil sur la scène internationale (voir article du 16/04). On connait mal sa politique régionale.

Cette zone d'ombre s'explique facilement. Lula s'est longtemps senti plus à l'aise devant George Bush Jr, Hu Jin Tao ou Ban Ki Moon que devant les représentants du Mercosur (le marché commun sud-américain).


Le Brésil est-il devenu snob ?

Le rôle croissant que Brazilia joue à l'ONU ou au sein de BRICS a probablement contribué à détourner Brazilia de ses intérêts régionaux. Mais il faut reconnaître que la faiblesse de ses voisins n'a pas aidé.

L'Argentine, l'autre grande nation du continent, a déçu. Si la crise argentine de 2001 explique en partie cet échec (poussée dans sa chute par un FMI que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître....), les dirigeants n'ont pas réussi à placer leur pays parmi le groupe de tête des pays émergents. Avouons qu'un passage des BRICS aux BARICS n'aurait peut être pas été aussi accrocheur...

Aux cotés de l'Argentine, les relations avec le Venezuela et surtout avec la Bolivie sont toujours restées houleuses, sur fond de rente gazière et de nationalisme galopant.

La fraicheur des relations du Brésil avec ses voisins est paradoxalement devenu un handicape pour ses ambitions internationales. Les pays sud-américains ne semblent actuellement pas prêt à laisser Brasília représenter le continent dans les instances internationales. Le Mexique et l'Argentine en particulier bloquent pour l'instant la candidature du Brésil à un siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU.

La diplomatie brésilienne semble avoir un peu vite oublié l'adage de Napoléon, « les États font la politique de leur géographie ».


Sexe, drogue et fonds de placements

Brasília a donc commencé à s'intéresser à nouveau à ses frontières. Immigrés surinamiens, drogues vénézueliennes, gaz bolivien, armes colombiennes, électricité paraguayenne...les sujets de coopérations ne manquent pas.

Le Brésil a d'abord commencé par renforcer les capacités de l'Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR) sur le plan sécuritaire. Mais c'est principalement sur le plan économique que le Brésil a décidé d'être plus entreprenant.

Banco do Brasil, la plus grande banque du continent, vient de déclarer vouloir s'implanter dans plusieurs pays sud-américains. La banque vise le Chili, l'Argentine et la Colombie, deux pays qui possèdent les économies les plus développées du continent. Du fait de ses taux de croissance exceptionnels depuis 10 ans, le Pérou fait également parti des plans de la banque brésilienne.

C'est également sur le plan des idées que le Brésil veut progresser en Amérique du Sud. Une raison de plus de multiplier les « fêtes de voisins » régionales.


L'influence du « lulismo »

L'influence du Brésil sur le plan des idées est en train de devenir une source d'influence majeure du pays sur le continent.

Lors de l''arrivé au pouvoir du candidat socialiste Ollanta Humala à la tête du Perou début juin, les observateurs ont un peu trop rapidement fait basculé ce pays dans le camp de la gauche « chaviste », traditionnellement opposée à la gauche « luliste » depuis 10 ans.

Or l'influence du modèle brésilien sur cette candidature a été bien plus grande qu'on ne le pense. Le candidat au passé chaviste a été conseillé tout au long de sa campagne par les propres conseillers de Lula. Cette victoire a ainsi contribué à brouiller les cartes de la gauche socialiste sud-américaine, annonçant peut être l'essoufflement de la dynamique anti-capitaliste et anti-américaine de Chavez.

Après la déferlante de l'École de Chicago dans les années 1970, l'École de Brazilia est-elle en passe de s'imposer sur toute l'Amérique du Sud ?




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire