Mondes Emergents

Another BRICS in the world...

dimanche 5 juin 2011

Pour en finir avec l'illusion des BRICS

Cela faisait tellement longtemps que l'on annonçait à cor et à cri la fin de l'Europe, le pourrissement des démocraties européennes, l'enfoncement dans un ecolo-pacifisme stérile, que la probable reconduction d'un européen à la tête du FMI a pris à rebours encore une fois la plupart des commentateurs.

Ce scénario tient a deux raisons.


Les BRICS, un malentendu

Cette reconduction ne tient pas tant à l'unité européenne qu'au manque de cohérence des pays émergents. Je suis souvent revenu dans ce blog sur l'inanité du groupe des BRIC, devenu BRICS récemment. Goldman Sachs, à l'origine de l'acronyme, n'a jamais désigné autre chose que l'émergence économique de ces pays.

Libre à ceux qui le désiraient de s'engouffrer dans la brèche et de prétendre émerger sur la scène politique. Ce qui fut fait avec l'institutionnalisation des rencontres annuelles des BRICS, rencontres régulièrement recouvertes d'une fine couche de politique.

Par un mystère aussi inexplicable que désespérant, les pays européens ont commencé à croire à la force cette union, et à entretenir un complexe d'infériorité devant celle-ci. Bien que cette union ait à mes yeux autant de poids géostratégique qu'une association de pêcheur à la palangrotte du marais poitevin, les BRICS ont fait irruption dans une presse internationale avide de simplification et de rapport de force imaginaire.

La deuxième raison tient davantage à la nature de la diplomatie européenne.


L'Europe comme table de négociation

Ce qui est déplaisant pour une table de négociation, c'est qu'on s'assoit dessus la plupart du temps. L'avantage, c'est qu'elle est au centre des discutions. A force de prôner des valeurs de tolérance, d'écoute plutôt que d'affrontement, l'Europe a compensé son déficit en « hard power » par une vrai capacité de dialogue sur la scène internationale.

Au prix d'un abandon d'une politique de défense de ses intérêts, l'Europe à réussi à s'attirer la confiance de plusieurs pays émergents. Le Brésil est depuis plusieurs années un allié de la France. L'Inde court depuis longtemps derrière un accord de libre échange avec l'Union Européenne.

En présentant Md Lagarde à la tête du FMI, l'Union Européenne semble jouer sur ce statut ambiguë de puissance inoffensive. Bien entendu, l'heure n'est pas aux programmes idéologiques, et cette candidature européenne de consensus convient à ces heures difficiles.

Mais il ne faudrait pas que l'Europe se recroqueville dans ce rôle de technicien. Alors que les Etats Unis se préparent à une rechute de leur économie, et que les BRICS, dans leur forme actuelle, restent incapables de s'unir pour proposer une gouvernance mondiale cohérente, l'Europe a encore une carte à jouer...si seulement Md Asheton se réveillait.


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