Mondes Emergents

Another BRICS in the world...

lundi 11 juillet 2011

Quand Rupert Murdoch a voulu briser la forteresse chinoise


Il fut un temps où la Chine ne nous intimidait pas.

Non, je ne pense pas au Grand Bond en avant, ni aux guerres de l'opium, encore moins aux dernières années de la dynastie Ming...Non, je vous parle des années 1990.

Je profite des déboires du groupe de l'homme le plus haï actuellement d'Angleterre pour rappeler que Rupert Murdoch a également répondu aux sirènes de l'émergence de la Chine. C'était avant de se rappeler que ces sirènes nous mènent souvent à notre perte...


Le temps béni des illusions

Ce que j'aime avec les années 1990, c'est que les projets les plus incroyables sont subitement devenus crédibles aux yeux de grands conservateurs élevés dans l'art de la nuance voire de la demi-mesure.

La chute du mur de Berlin, la vague de démocratie en Europe de l'Est, l'entrée de la Chine dans l'économie de marché, autant d'évènements qui ont donné l'illusion de la toute puissance, voire de l'« hyperpuissance », du capitalisme face aux identités nationales.

Et les exemples abondaient pour confirmer ce nouvel ordre mondial. En l'espace d'à peine 10 ans, l'union improbable du FMI et d'oligarques auto-proclamées n'a t-elle pas réussi à privatiser à la fois les ressources et les élections russes ?

Profiter d'un tel scénario en Chine était tentant. Le patron de News Corp pose alors ses valises à Hong Kong.


Quand la Chine s'éveille....

Ruper Murdoch a commencé dès 1991 à traiter avec la Chine. L'objectif est simple : Obtenir un canal de diffusion en Chine.

Le groupe se dote d'abord de l'infrastructure, en rachetant à prix d'or une chaîne Hong Kongaise sur le déclin, Star TV.

Pour diffuser en Chine, le magnat des médias a besoin de connexions. Il va ainsi tout faire pour être le plus proche des dirigeants au pouvoir. Et Rupert Murdoch ne va pas ménager sa peine.

Il va ainsi jusqu'à faire publier par sa maison d'édition HarperCollins les mémoires (hagiographiques) de Deng Xiaoping. Il invite aussi son successeur, Jiang Zemin, a une séance de cinéma où il projette Titanic. Il réalise également son aggiornamento politique, mais à l'envers, en s'alignant sur les positions du parti en ce qui concerne les évènements de Tian'anmen. Il va jusqu'à qualifier le Dalaï-lama de « vieux moine très politicien qui se promène en chaussures Gucci ».

La stratégie marche, et la Chaine progresse sur les télés chinoises.


Un glamour de jeunesse

Très vite, Ruper Murdoch passe à la vitesse supérieure. Après la conquête de la chaine Star, le groupe lance deux nouveaux produits, une nouvelle chaine de télévision et un site Internet.

Il se rapproche d'abord de l'homme d'affaire Liu Changle, très bien introduit dans les sphères politiques chinoises. En sentant désormais le pouls du PCC, l'australien-américain peut désormais lancer son projet de chaine de télévision chinoise, la chaîne Phœnix.

Avec ses présentateurs aussi surexcités qu'une matinale de NRJ et l'arrivée du Live et du On-air, les chinois font exploser l'audimat.

La stratégie Internet du groupe, dirigée au passage par la troisième de femme de Rupert Murdoch, reproduit la même stratégie, avec les mêmes effets. Lancé en 1997, le site ChinaByte devient l'année de son lancement le premier site visité du pays.

Pourtant, le groupe va rapidement va rapidement voir son aura pâlir.


La machine de guerre de Rupert Murdoch enrayée

Pour respecter tout à fait la chronologie des évènements, les ennuis ont commencé un peu plus tôt pour le groupe en Chine.

Dès le lancement de Star, le PCC a limité la pénétration du groupe en Chine en restreignant puis en interdisant l'achat de paraboles. Star est alors obligé de s'en remettre à la « tolérance » des autorités face au commerce illégal des paraboles pour avoir une audience. Et encore, une audience gratuite.

Pékin va utiliser la même méthode avec la chaîne Phœnix. Sa diffusion est limitée aux hôtels 3 étoiles !

Mais le pire est à venir. En 2003, Rupert Murdoch perd ses appuis politiques. L'arrivée de Hu Jintao à la tête de l'Etat signe la fin de son ascension. Murdoch avoue publiquement que désormais, il « se heurte à un mur ».


Le contenu de Star et de Phœnix siphonné

Le plus étonnant peut être dans cette aventure aura finalement été l'extraordinaire banalité des mésaventures de Rupert Murdoch en Chine. Comme un bon nombre d'industriels, Rupert Murdoch ne s'est pas méfié de l'ambition chinoise.

En multipliant les joint ventures, Murdoch a développé les programme de coopération. Les officiels chinois ont été invités à Londres se renseigner sur le bouquet satellite BskyB du groupe.

Les officiels ont très vite vu l'intérêt de reproduire ce schéma en Chine, à la nuance près que Murdoch ne faisait pas parti des plans. A partir des années 2000, Star, Phoenix et ChinaByte sont copiés de manière industrielle, et revendus sur les chaines nationales.

Comme Alstom, Chanel, Airbus, la Warner et d'autres, Rupert Murdoch s'est fait piraté son « contenu » en Chine.

Aujourd'hui, après avoir laissé 2 milliards de dollars et sa chemise en Chine, Rupert Murdoch ne croit plus en la Chine.

Pourtant le géant des médias est resté en Asie. Nouvel objectif : L'Inde !

(Bientôt l'occasion d'un nouveau post !)



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