Mondes Emergents

Another BRICS in the world...

samedi 16 avril 2011

Le Brésil vampirisé par la Chine


Ce blog n'a encore jamais traité de la puissance brésilienne. Attiré comme beaucoup par les sirènes de la renommée chinoise, je me suis souvent tourné vers l'Asie pour décrypter ces mondes émergents.

Pourtant, à voir le Brésil sur la scène internationale, l'habit de grande puissance n'a pas l'air de le gratter dans le dos.


Béni par la nature et par les Borgia

Devant la balkanisation de la partie espagnole de l'Amérique du sud depuis 2 siècles, la puissance du Brésil s'est imposée naturellement.

Le pays possède 3 atouts majeurs :


  • Une géographie favorable, sans Cordillère pour isoler des régions entières.
  • L'uni du territoire jamais remis en cause par un quelconque conflit.

  • L'absence de conflit entre indiens et européens pour miner la cohésion sociale.

Dans les faits, cette puissance s'est traduite par un ministère des affaires étrangères puissant et efficace, l'Itamaraty. Ce ministère a ainsi été le bras armé de la politique de Lula, qui visait à placer le Brésil au centre du jeu international.

L'idée était de se servir des institutions internationales comme d'une plateforme, voire comme d'un ins

trument, pour contester l'architecture internationale. Cette architecture, c'était l'œuvre des architectes libéraux censés refonder le monde.

Vous savez, c'était le temps des fantasmagoriques années 1990, où l'on croyait que la géoéconomie allait remplacée la géopolitique, et U2 les Rolling Stones...


BSF, Brésil-Sans-Frontières

Le Brésil des années 2000, des années Lula en clair, a ainsi multiplié les initiatives diplomatiques.

Dans un premier temps, l'idée était d'institutionnaliser la stratégie des ONG anti-mon

dialisation des années 1990. Ces ONG avait bien réussi à bloquer le sommet de l'OMC à Seattle. Le Brésil allait les copier, mais en agissant au sein de l'OMC. Ce sera le sommet de Cancun.

Dans un deuxième temps, le Brésil a créé ses propres sommets. Brasília a ainsi réussi à se placer au centre d'un nombre considérable d'organisations et de sommets en tout genre : UNASUR, G20, G77, Isba, BRICS, Sommet Pays Arabes, rapprochement avec les États-Unis, rapprochement avec l'Afrique...

On parlait de « pactomanie » dans les années 1950 pour désigner la politique étrangère américaine. Le Brésil a inauguré la « sommetomanie ».


Une puissance agricole, qui risque de le rester

Pourtant, à vouloir parler avec tout le monde, le Brésil est progressivement devenu inaudible. C'est l'interrogation d'Alain Rouquié, spécialiste de l'Amérique latine contemporaine, lorsqu'il se demande : « le Brésil aurait-il (…) perdu sur tous les tableaux en hésitant entre le proche et le lointain ? ».

Personnellement, c'est en regardant le sommet des BRIC que je vois apparaître les principales faiblesses brésiliennes.

Le Brésil est présenter de plus en plus comme la « ferme du monde », au coté de « l'usine du monde » chinoise et du « bureau du monde » indien.

On retrouvait déjà l'agriculture au sein du blocage des négociation OMC à Cancun. La Brésil avait capitaliser, avec succès, sur la vitalité de son agriculture pour agréger autour de lui les pays agricoles du sud.

Or aujourd'hui, le Brésil est passe d'être cantonné au rôle de grenier par la Chine.


Le Brésil redécouvre la théorie de la dépendance

Depuis 10 ans, le commerce entre la Chine et le Brésil a augmenté de 1300 %. De quoi donner un peu de cohérence au sommet BRICS.

Mais ce rapprochement s'apparente de plus en plus à une voie sans issue. Alors que le Brésil exporte de plus en plus de matières premières vers la Chine, ses importations de biens manufacturés ont augmenté de 60% en 2010 !

Le danger d'une spécialisation dans le boisseau de soja devrait pousser le Brésil a prendre ses distances avec la Chine. Déjà, Brasília vient de se ranger derrière les américains pour demander une réévaluation du yuan.

A quand la demande de libération de Lu Xiabo ?

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