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mardi 2 mars 2010

La « Révolution » du gaz non-conventionnel !

Selon les propres termes de Tony Hayward, le patron de BP, les récentes avancées technologiques permettant désormais d’exploiter des gaz non-conventionnels préparent une vrai « révolution » sur les marchés du gaz. Cette avancée pourrait notamment remettre en cause nombre de stratégies des acteurs du gaz, au premier rang desquelles celle du géant gazier russe « Gazprom ».

« Gazprom » déjà affaibli par la crise économique
C’est effectivement dans un contexte déjà déprimé que « Gazprom » doit affronter cette question des gaz non-conventionnels. Au premier semestre de 2009, le quotidien « Kommersant » révélait que les pays européens avaient réduit leurs achats de gaz de 29% (-21% pour la France), tendance qui s’est prolongée tout au long de l’année. La Turquie avait même émis l’hypothèse de revenir sur le principe du « take or pay », sacro-saint principe des contrats gaziers obligeant les pays à acheter une part minimale (autour de 80%) des quantités distribués par la société gazière.

Si la firme à la flamme bleue est consciente qu’elle devra faire des compromis sur cette dette européenne (après tout, les européens se sont gardés de passer aux actes lorsqu’ils ont dénoncé l’arrêt des approvisionnements russes lors de la crise Ukrainienne en 2009), il est un autre événement, autrement plus dangereux, qui pourrait amener à redéfinir complètement l'équilibre du marché du gaz européen : les gaz non –conventionnels.

Le gaz non conventionnel à l’essai
Ces gaz conventionnels, où « shale gaz », sont l’équivalent de ce que sont les sables bitumineux du Canada pour le pétrole. Ils constituent potentiellement des ressources en gaz considérables, pour des pays qui jusque là étaient obligés de l’importer.

Au Etats Unis, pionnier dans l’exploitation du gaz non-conventionnel, sa production représente 4% de la consommation, mais pourrait passer à 50% à l’horizon 2020, selon certains experts. C’est ici que l’on touche du doigt le point essentiel: les "shale gaz" pourraient à l’avenir dégager certains pays de leur dépendance énergétique !

L’Europe bénéficiaire
Ces gaz, dont la production demeure encore faible, soulèvent pourtant de nombreux espoirs en Europe.

D’abord, la mise en exploitation de gisements de gaz non-conventionnels en Europe contribuerait mécaniquement à faire baisser les prix du gaz, conséquence de l’accroissement de l’offre. Ce mécanisme est déjà à l’œuvre aux Etats Unis.
Cet exemple serait probablement repris comme argument par les grandes majors du gaz en Europe pour exiger une baisse des prix du gaz, fixés par les contrats bilatéraux de long terme avec « Gazprom », voire à dissocier leurs calculs des prix du pétrole.

Un deuxième argument en faveur de leur mise en exploitation de ces nouveaux champs gaziers serait la réduction de la dépendance des pays d’Europe de l’Est aux gazoducs russes. Cette dépendance s'était d'ailleurs renforcée après le lancements des projets "Nord Stream" et "South Stream", censés contournés les pays d’Europe orientale. Si l’état des réserves européennes ne sont pas encore établies, nous savons que des réserves existeraient en Europe de l’Est.

Avis de tempête pour « Gazprom »
Ces divers scénarios participent à rendre « Gazprom » nerveux depuis quelques mois. Et en effet, ces développements pourraient sérieusement mettre en périle sa stratégie industrielle.

La principale conséquence consisterait à saper la compétitivité de ses projets géants, actuellement mis en oeuvre en Mer de Barents (Chtokman) et dans l’océan arctique (Yamal). Ces gisements, à l’origine exploités pour approvisionner les nouveaux ports GNL américains, pourraient perdre de leur compétitivité depuis que la production de « shale gas » a remplacé les importations américaines de gaz.

Selon la « Sobietsky Institute », un think tank polonais, « Gazprom » pourrait même voir la rentabilité de son principal projet européen, le gazoduc « Nord Stream », remise en cause.

Les gaz non conventionnels , « Mythe » ou « Révolution » ?
Dans ce contexte tendu, deux discours radicaux se sont opposés. Alexandre Medvedev, le directeur du service exportation de la compagnie, a dénoncé le « mythe » construit autour des gaz non conventionnels, et a rappelé que leur exploitation demeurait très coûteuse.

A l’inverse, Greg Pytel, analyste de la « Sobieski Institute », a prédit « que de nombreuses livraisons russes seraient remplacées par des productions de gaz conventionnel, éffectuées par les multinationales ». Ce pronostique a été repris par l’Agence Internationale de l’Energie.

L'avenir peu favorable de « Gazprom »
Si ces déclarations ne peuvent pas être dissociées des relations compliquées qu'entretiennent russes et polonais, l’enjeux apparaît pourtant crucial pour chacun. La fin du monopole russe sur les exportations de gaz signifierait la perte d’un levier économique et politique majeur pour le Kremlin.

En Pologne, la découverte de « shale gaz » lui permettrait de prendre sa revanche sur la Russie et l’Allemagne, et sur leur projet de gazoduc contournant son territoire.

Si aucune réserve n’est prouvée à ce jour, les résultats des prochains forages en Europe se révéleront essentiels pour l’avenir du marché du gaz européen.

1 commentaire:

  1. Encore une triste découverte. Où va le monde ? J’espère que notre planète résistera ...

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